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Ysabel Bels

Passer les portes

Après une heure, une heure trop longue, je suis sortie avec beaucoup d’autres par cette petite porte ouverte comme une chatière dans la grande porte. Cette grande porte était celle d’une église énorme. Les deux battants n’avaient pas été ouverts. Pourquoi ? Nous étions nombreux à vouloir sortir presque en même temps.

Bousculée un peu, sortie depuis la pénombre jusqu’à la lumière, progressivement.
Clair et froid. Il n’y avait pas de direction. Enfin pas toutes les directions possibles.

Descente de la rue, hostile. Trop de vent, pas de quoi s’abriter. Il y avait des murs, des haies, des grilles.

En descendant cette rue hostile, une porte s’est ouverte par hasard. Je ne l’ai pas poussée. Je n’ai pas eu à la pousser. Pas un portail. Plutôt une petite porte discrète : un portillon en fer plein tenant entre les grilles. Cette petite porte déjà entr’ouverte, elle m’a laissée entrer et monter 3 marches ou un perron. Il y avait une grande porte bien plus imposante mais je n’e l’ai pas ouverte et d’ailleurs je ne voulais pas l’ouvrir.

Je suis ressortie et j’ai continué la rue hostile avec des grilles, des haies, des murs. Enfin arrivée vers d’autres rues, d’autres directions : Une ville. Des vitrines, une grande vitrine qui s’ouvrait toute seule : une porte qui glissait : Biarritz Bonheur.

Pour arriver quelque part plus loin de ce lieu lui ouvert/ fermé, fermé/ouvert, il fallait ensuite passer par un endroit à demi fermé par deux panneaux souples en plastique : comme l’entrée d’un hôpital ou d’un espace sanitaire protégé. Pas une porte ouverte ou fermée : juste deux panneaux qui se touchaient et qui battaient mollement. Qu’est-ce qu’il y avait derrière ?

Des portes toutes fermées dans un dédale de rues en sable avec des maisons basses sans toit, mais des terrasses et certainement des cours ou des jardins à l’intérieur. A ces portes il fallait sonner à sonnette … non il y avait deux sonnettes, une pour la maison des hommes une pour celle des femmes. Ne pas se tromper. Mais pour moi c’était sans importance car je n’en avais pas l’usage. Je suis rentrée furtivement chez les femmes mais je suis repartie assez vite dans les rues de sable.

A la fin et assez longtemps après, ce n’était plus dans le même espace, je suis arrivée devant une belle porte assez chic mais quand même modeste : le bouton en cuivre de la porte était trop petit pour la dimension de la porte. Pas grave finalement si ce n’était pas en accord parfait. Ça aurait juré avec la rue. Mais j’ai ouvert cette porte car j’en avais la clé.

Tout en haut il y avait la dernière porte de cette promenade-là. Pas une porte mais plutôt une porte- fenêtre qui ouvrait sur un horizon assez encadré. Plutôt une vue de carte postale, une vue assez rassurante dont les limites étaient fixées par un cadre, celui de la fenêtre, enfin de cette porte-fenêtre. Une porte ouverte en permanence sur une espace immobile, seulement animé par les mouettes volant lentement en hurlant très haut, chassant les étourneaux par volées.

Ysabel Bels 13 01 2025
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