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Avant de s’appeler Fidel Anthelme X, durant sept ans, nos éditions se sont nommées Intime Conviction. Intime Conviction était un groupement d’artistes, de poètes, qui refusaient la fixité d’un lieu et tentaient d’interroger l’espace intime de la création, de toute création. Ce qui nous intéressait, ce n’était pas d’avoir un lieu, une maison d’édition. Ce qui nous guidait, c’était la question : Comment inventer une poésie qui déborde partout ? Qui s’immisce en tous lieux du mystique au politique ?
Nous nous enfermions alors dans des chambres d’hôtel*, creusions des trous*, fleurissions des noms oubliés au coin des rues*. Nous interrogions le précaire, le quotidien, l’usuel.
Ce n’était pas audible, pas visible, pour laisser une trace, une tentative d’objection, nous fabriquions une publication, elle prenait la forme d’un album, quelque chose de blanc où nous nous inscrivions. (* Fuga Mundi 1993 Le Fleurissement des autres 1994, Le Trou 1995)
Ce que nous cherchions, c’était le geste en poésie, nos albums transcrivaient notre lecture du monde et nos tentatives de réécriture.
Trois poètes furent déterminants dans le cheminement d’Intime Conviction, parce qu’ils nous rappelaient que l’espace du visuel, du sonore et du corps, sont indispensables au débordement de la poésie. Julien Blaine, celui qui interroge le poème avec son propre corps, corps fini, corps mortel, et parvient à repousser les frontières de l’inachevé.
Pierre et Ilse Garnier qui n’ont cessé de récolter des morceaux d’invisible et qui, en dépouillant la langue de tout ornement, en rendant leur liberté aux mots, aux lettres, ont agrandi la poésie jusqu’au souffle.
C’est en 1996, que pour la première fois, nous avons publié un ouvrage sous le nom de Fidel Anthelme X. Il s’intitulait Poésie et Midrash, ce n’était pas un livre, c’était un rouleau, ce n’était pas un poème mais la retranscription d’échanges sur le thème de la création avec Elie Cohen, professeur d’Hébreu biblique à l’IECJ.
Un peu plus tard, Victor Sosnora nous confia ses dessins, Pierre Le Pillouër ses poèmes jet(able)s et Éric Giraud ses Cliches.
Depuis lors, nous avons publié plus d’une centaine d’ouvrages dans de multiples formats qui s’allient aux écritures qu’ils accueillent.
En 2005, une nouvelle collection intitulée La Motesta a vu le jour. Elle propose un espace à la poésie contemporaine ainsi qu’une rencontre avec un artiste. La couverture, en forme de triptyque, laisse apparaître poème et images lors de son déploiement. Le dernier titre paru, Traces de Samira Negrouche (2021), est accompagné de trois images de la photographe Nathalie Postic.
En 2007, nous avons créé une section, non pas réservée aux enfants mais ouverte aux enfants, intitulée La Petite Motesta. Depuis quelques années déjà, nous constations l’expansion du rayon de littérature jeunesse dans les librairies, et la place dérisoire laissée à la poésie dans cet espace. Le premier titre de La Petite Motesta : Connaissez-vous la poésie ? aux écolières et aux écoliers, album de poésie spatiale, nous a été offert par Pierre Garnier. Le deuxième, Tshakapesh, poème visuel inspiré d’une légende algonquine, par Julien Blaine, et le troisième, Les Grandes Herbes, par Philippe Castellin qui composa pour nous, un alphabet-camouflage en proie aux forces du désordre poétique.
Les contes en peau de chagrin de Christian Désagulier et La beauté du monde de Pierre Garnier, (préface et choix de poèmes par Marianne Simon- Oikawa) sont les derniers ouvrages parus dans cette collection en 2021.
En 2016, c’est au sein de notre atelier d’écriture Lettera Rarissima, titre emprunté à Roxana Páez, poète argentine, que la section les Communs a vu le jour.
Les Communs proposent des poèmes courts, simples à imprimer, à stocker et à diffuser.
Chaque année, le texte d’un auteur de Fidel anthelme X devient le fil rouge de l’atelier.
Roxana Páez, Jacqueline Merville, Geneviève Hutin, Liliane Giraudon, furent parmi les premières à nous offrir un texte pour cette section.
Dans les Communs, nous publions également des ouvrages collectifs, (La porte rouge, Bouche bée, Campagne…) textes issus d’expériences d’écriture partagée.
Créées en 2019, Main d’œuvre et Main d’œuvre étrangèresont nos sections les plus récentes. Main d’œuvre abrite sur 4 pages, l’écriture manuscrite d’un poète de langue française et Main d’œuvre étrangère accueille l’écriture d’un poète d’une autre langue accompagnée de sa traduction. Godmouth de Trish Salah, Notebook de Reginald Gibbons (tous deux traduits par Nathanaël) et Extinction de François Bizet sont parus dans la Section Main d’œuvre étrangère. Zinzins de Claude Favre et Entraînement en rodage de Julien Blaine viennent de paraître en janvier 2022 dans la section Main d’œuvre.
Finalement, entre le I d’Intime Conviction et le F de Fidel Anthelme X, le M de la Mobile Terrestre Station (la Motesta ) s’est glissé, pour continuer à émettre quelques signes qui, bien que minuscules, prolongent la question à l’endroit du poème.
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