Accueil > L’Atelier > Les Communs 2024 > Nuit noire 2
Je me sens émue après lecture du texte d’Anne Boyer, ses mots sont si forts… Elle déteste les gens qui souffrent seuls, alors pourquoi ne pas imaginer un lieu pour accueillir les gens qui pleurent.
L’idée me plait, même si je n’ai pas envie de pleurer en ce moment, je m’imagine me transformer en architecte capable de construire un temple pour ceux qui pleurent. Je vais construire un lieu où les gens se sentiront si libres qu’ils pourront se laisser aller à exprimer leur souffrance sans pudeur. Un lieu où les larmes se transformeront en… je n’arrive pas à imaginer, peut être des perles, le l’eau, l’océan… En fait, je commence à imaginer cette transformation pour m’aider à imaginer le lieu d’accueil mais dans la situation présente ce n’est pas facile :
Trop de bruit, trop de rires, trop de mots… trop de mouvements aussi…
Et pourtant je sais que dans la ville, il y a des gens qui cherchent un mur pour pleurer comme le chantait si bien Anne Sylvestre au temps de ma jeunesse.
J’essaie de rester centrée sur l’idée d’Anne Boyer : créer un lieu pour accueillir les gens qui souffrent, pour les aider à échapper à cette solitude si terrible. Je ne peux pas imaginer un lieu de béton, avec portes et fenêtres fermées mais plutôt dans la nature… Un lieu avec de l’eau bien sûr et des arbres, beaucoup d’arbres…
Ce temple ressemblera à un banian, un immense banian. Vous savez ces arbres immenses qui laissent ses branches basses prendre racines dans la terre, ces racines aériennes se développent à leur tour en pleines tiges chargées de feuilles… Une multitude de troncs, de tiges, de feuilles… et autant d’endroits où se faufiler, pour se retrouver ensemble dans cette immense cabane végétale ou au contraire se cacher derrière une branche particulièrement feuillue, mais pas trop loin des autres pour ne pas se sentir isolé. Juste derrière l’arbre temple des pleureurs se trouvera une cascade, et son bruit d’eau qui coule scandera à l’unisson le chant des sanglots. Je m’imagine davantage en gardienne du temple qu’en pleureuse moi-même. Il n’est plus temps pour moi mais je me souviens d’une autre époque où ce genre de lieu ne m’aurait pas déplu.
Alors moi, gardienne du temple, j’accueille en souriant les gens qui souffrent et je les invite à se laisser aller, sans crainte du jugement, sans honte : « ici vous avez le droit de pleurer ! » et moi je resterai dehors et je préparerai de bonnes tisanes pour se réhydrater.
Mise à jour :vendredi 6 juin 2025 | Mentions légales | Plan du site | RSS 2.0